La reine margot - tome 1 by Alexandre Dumas

La reine margot - tome 1 by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2011-01-14T23:00:00+00:00


XVI – Le corps d’un ennemi mort sent toujours bon

Nulle troupe, si riche qu’elle soit, ne peut donner une idée de ce spectacle. Les habits soyeux, riches et éclatants, légués comme une mode splendide par François Ier à ses successeurs, ne s’étaient pas transformés encore dans ces vêtements étriqués et sombres qui furent de mise sous Henri III ; de sorte que le costume de Charles IX, moins riche, mais peut-être plus élégant que ceux des époques précédentes, éclatait dans toute sa parfaite harmonie. De nos jours, il n’y a plus de point de comparaison possible avec un semblable cortège ; car nous en sommes réduits, pour nos magnificences de parade, à la symétrie et à l’uniforme.

Pages, écuyers, gentilshommes de bas étage, chiens et chevaux marchant sur les flancs et en arrière, faisaient du cortège royal une véritable armée. Derrière cette armée venait le peuple, ou, pour mieux dire, le peuple était partout.

Le peuple suivait, escortait et précédait ; il criait à la fois Noël et Haro, car, dans le cortège, on distinguait plusieurs calvinistes ralliés, et le peuple a de la rancune.

C’était le matin, en face de Catherine et du duc de Guise, que Charles IX avait, comme d’une chose toute naturelle, parlé devant Henri de Navarre d’aller visiter le gibet de Montfaucon, ou plutôt le corps mutilé de l’amiral, qui était pendu. Le premier mouvement de Henri avait été de se dispenser de prendre part à cette visite. C’était là où l’attendait Catherine. Aux premiers mots qu’il dit exprimant sa répugnance, elle échangea un coup d’œil et un sourire avec le duc de Guise. Henri surprit l’un et l’autre, les comprit, puis se reprenant tout à coup :

– Mais, au fait, dit-il, pourquoi n’irais-je pas ? Je suis catholique et je me dois à ma nouvelle religion. Puis s’adressant à Charles IX :

– Que Votre Majesté compte sur moi, lui dit-il, je serai toujours heureux de l’accompagner partout où elle ira. Et il jeta autour de lui un coup d’œil rapide pour compter les sourcils qui se fronçaient.

Aussi celui de tout le cortège que l’on regardait avec le plus de curiosité, peut-être, était ce fils sans mère, ce roi sans royaume, ce huguenot fait catholique. Sa figure longue et caractérisée, sa tournure un peu vulgaire, sa familiarité avec ses inférieurs, familiarité qu’il portait à un degré presque inconvenant pour un roi, familiarité qui tenait aux habitudes montagnardes de sa jeunesse et qu’il conserva jusqu’à sa mort, le signalaient aux spectateurs, dont quelques-uns lui criaient :

– À la messe, Henriot, à la messe ! Ce à quoi Henri répondait :

– J’y ai été hier, j’en viens aujourd’hui, et j’y retournerai demain. Ventre saint gris ! il me semble cependant que c’est assez comme cela.

Quant à Marguerite, elle était à cheval, si belle, si fraîche, si élégante, que l’admiration faisait autour d’elle un concert dont quelques notes, il faut l’avouer, s’adressaient à sa compagne, madame la duchesse de Nevers, qu’elle venait de rejoindre, et dont le cheval blanc, comme s’il était fier du poids qu’il portait, secouait furieusement la tête.



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